Escapade à Athènes et Santorin par Christel de Noblet



Escapade  à Athènes et Santorin par Christel de Noblet


On a parfois besoin de quelques jours loin, mais pas trop, de soleil radieux, mais pas accablant, de dépaysement radical, mais facile, en un mot de se faire du bien sans mal ! Dans cette catégorie, on vous propose ce mois-ci de partir en Grèce : trois jours à Athènes pour la culture, trois jours à Santorin pour le farniente…
Première étape donc, Athènes, où un gros coucou vous dépose en quelques heures de vol à peine dans un aéroport flambant neuf.

Voyage Grèce : Escapade Athènes et Santorin - voyages, vacances, recit de voyage et carnet de voyage   Incontournable et grandiose

Vos premiers pas seront forcement pour attaquer la grimpette qui mène à l’Acropole, incontournable et grandiose. Attention, si tous les chemins mènent à Rome, il y en a un vraiment charmant qui monte au rocher sacré ; il faut partir de la petite chapelle byzantine Agios Nikolaos Ragavàs et se faufiler dans les ruelles microscopiques bordées de maisons blanches et bleus minuscules d’Anafiótika. Dans ce pays de lilliputiens, où les chats et les pots de géranium se disputent l’espace et où la moyenne d’âge des habitants semble être de 103 ans, vous aurez déjà l’impression d’être dans un petit village des Cyclades.

  L’Acropole pour vous tout seul


On ne va pas raconter l’Acropole, il y a des guides sérieux pour ça (!).

On dira simplement que c’est si beau qu’il faut y monter tous les matins pour s’imbiber de l’endroit. Et qu’en une fois, entre la lecture de son guide et son appareil photo, c’est quasiment impossible. On y monte très tôt, avant que les grilles n’ouvrent pour profiter les premiers du monument (la grasse matinée, ce sera pour Santorin !). On y est seul quand les premiers rayons du soleil viennent réchauffer le marbre blanc, pas un bruit, pas une silhouette, juste le petit matin et les temples. Et puis si la première fois on suit comme tout le monde le sens de la visite et, avec la foule, on commence par le théâtre d’Hérode Atticus… La suivante, on fait la boucle à l’envers. A mi-chemin dans les oliviers, on tourne à gauche vers ce qui était à l’origine la véritable entrée du sanctuaire, les propylées et qui est maintenant sa sortie. On se retrouve absolument seul pendant tout le temps qu’il faut aux premiers visiteurs pour faire tout le tour du sanctuaire.

carnet de voyage   Balades…

Voyage Dans les ruelles de Plaka Grèce : Escapade Athènes et Santorin - voyages, vacances, recit de voyage et carnet de voyageEn sortant du site de l’Acropole, offrez-vous une énorme limonade à déguster tranquillement en descendant sous les pins vers l’Agora. C’est un endroit plein de paradoxe puisqu’il est à la fois presque complètement détruit mais qu’il reste, côte à côte, l’un des temples les mieux préservés d’Athènes vieux de presque 2500 ans, l’Hephaisteion, et une reconstitution à peine âgée, elle, de 50 ans, financée par un Rockefeller, la Stoa d’Attalos, tandis qu’une petite chapelle byzantine semble avoir atterrit là par accident et que la statue de l’Empereur Adrien dans son écrin d’oliviers se déhanche lascivement !

On ressort de l’Agora vers le quartier de Monastoráki pour aller déjeuner d’un gros sandwich débordant de viande, de tomates et de feta, à la fameuse Taverna Sigálas devant le petit monastère de la place principale au milieu d’un brouhaha joyeux… On se régale ! Les puces de cet endroit ne valent même pas la peine qu’on s’y arrête, en revanche, allez faire une petite promenade digestive vers La Tour des Vents de l’Agora romaine. C’est un endroit si calme qu’il y fait bon rêver en regardant l’ombre du soleil marquer le temps qui passe, en détaillant les vents joufflus qui farandolent sans fin au sommet de la tour ou en imaginant les derviches tourneurs qui avaient envahi l’endroit au XVIII ème siècle.

Pour se trouver en hauteur à l’heure où le soleil disparaît vers la mer, on prend la direction de la colline « des loups » Lykavittos, mais par les chemins détournés de l’Athènes « chic » ! On suggère d’aller admirer tout d’abord le stade Kallimármaro et d’imaginer 60.000 personnes assises sur du marbre blanc… On passe ensuite le long du palais présidentiel pour voir, en essayant de ne pas rire, les evzones faire le pas de l’oie en gros sabots, jupette et chaussettes à pompons, et enfin on fait un peu de lèche-vitrines (et plus si affinité) dans les boutiques élégantes des alentours de la place Kolonakiou.

Puis un funiculaire vous grimpe en quelques minutes en haut de la plus haute colline d’Athènes sur laquelle il n’y a pas grand chose à voir, mais depuis laquelle il y a tout à admirer… On y dîne pour finir la journée en beauté. Il y a là-haut un restau très « Elle-déco » avec un menu un peu avant-gardiste mais sympa. Le carpaccio de poulpe et de langouste y est plus rigolo que bon, mais les poissons sont délicieux et la vue imprenable. Au rayon gourmandise, on vous conseille aussi d’attraper dans les petites boutiques par-ci, par-là des rondelles d’ananas confis…

A priori avec un programme pareil on vous aura presque tué, et vous aurez gagné le droit d’aller vous effondrer dans votre hôtel qu’on vous suggère de choisir dans le quartier de la Plaka pour profiter de l’ambiance et pour la proximité des principaux monuments. Mais attention, choisissez une ruelle peu passante, si non vous risquez de ne pas dormir et de danser avec Zorba toute la nuit !

  carnet de voyage   Trois petits musées et puis s’en vont…

Autre incontournable de la visite d’Athènes, le Musée national d’Archéologie… Bonne nouvelle pour les uns, mauvaise pour les autres, il est fermé en ce moment pour cause de lifting en vue des jeux olympiques de 2004. Ne soyez pas trop déçu, il y a plein d’autres musées passionnants dans la ville et puisque vous n’êtes à Athènes que pour quelques jours il vaut peut-être mieux se régaler dans les « petits » musées que de se faire écraser par un mastodonte…

Il y en a trois, tous situés sur la même avenue et qu’on peut presque faire à la queue leu leu, car ils ne sont pas immenses et qu’on n’est pas obligé de tout y voir.

Le Musée Byzantin, tout d’abord, situé dans une villa de style florentin (!) construite mi XIXème pour une excentrique, femme d’un des généraux de Napoléon. Il abrite de superbes fragments d’architecture byzantine sauvés lors de la destruction d’églises orthodoxes, des sculptures et des bas-reliefs. Il est aussi très réputé pour ses icônes même si elles ne sont pas toujours bien mises en valeur.

Le Musée des Arts Cycladiques (pour se préparer à la suite du voyage) a quelques perles dont des figurines préhistoriques que Brancusi n’aurait pas reniées tant elles ont de grâce stylisée. On a aussi beaucoup aimé les vases en terre et en bronze. Ce musée est petit, très tamisé, en un mot délicieux et son patio intérieur au centre duquel une fontaine de mosaïques glougloute doucement offre l’endroit idéal pour faire une pose et déguster un cappuccino freddo.

Le troisième musée, le Musée Bénaki, présente la collection d’un mécène, fou d’amour pour son pays. C’est une « promenade » au milieu de très belles statues et d’icônes sublimes à vous inonder par leur tendresse et leur douceur. Tout en haut de l’hôtel particulier qui abrite ce musée, le restaurant sur la terrasse et ses parasols blancs offrent un lieu idéal pour le déjeuner, avec vue plongeante sur les palmiers des jardins nationaux.

  carnet de voyage   L’Acropole la nuit

Il faut aussi aller se promener le soir au pied de l’Acropole sur l’Areopage Dionysos. Cette grande avenue piétonne vient d’être réaménagée merveilleusement bien. Au bout de cette avenue, à peut prêt à la hauteur du théâtre d’Hérode Atticus, il faut prendre à gauche, rue Garibaldi et chercher l’entrée du restaurant Atticos. Le restaurant se trouve tout en haut sur la terrasse de l’immeuble avec devant vous LA PLUS BELLE VUE D’ATHENES pour dîner. On ne vous dit rien de plus. Allez-y. Vous en aurez le souffle coupé !

carnet de voyage   Escale grand luxe

Voyage Santorin, village dSeconde étape du voyage, à 40 minutes d’avion d’Athènes : Santorin et le luxe voluptueux et discret de l’hôtel Katikies, membre du réseau des Small Luxury Hotels of the World.

Dès l’aéroport, quand la foule se presse pour s’entasser dans les quelques Mercedes poussiéreuses qui font office de taxi dans l’île, l’hôtel vous a envoyé son chauffeur (sourire bronzé sous les lunettes de soleil) pour vous emmener d’un coup de Land Rover jusqu’au bout de l’île dans le petit village de Oia au cœur duquel se cache l’hôtel. Il s’y cache vraiment car il a été conçu comme une succession de petites maisons de pêcheurs, blanchies à la chaux, toit voûté, quelques fois troglodytes, toutes indépendantes les unes des autres, simplement reliées par des ruelles et des escaliers étroits agrippés à la falaise. Admirez au passage les prouesses des serveurs, tout de blanc vêtus, plateaux chargés sur l’épaule qui virevoltent de haut en bas, silencieux et agiles…

On vous accueille avec une flûte de champagne le temps de confirmer votre réservation et de faire descendre vos valises. On vous donne votre clé, attachée à un chapelet de gros grains bleus, translucides comme la mer qui s’étend devant vous au pied de l’hôtel quelques 270 mètres plus bas. On vous promène dans l’hôtel pour vous en faire découvrir ses secrets : le restaurant élégant, sans murs, sans toit, justes 4 tables en plein air et la mer, ou bien le restau plus bohème abrité dans une grotte peinte en blanc qu’éclairent photophores et chandeliers croulant sous les bougies pour une atmosphère de mille et une nuits. On vous présente la petite bibliothèque, le bar au bord de l’eau, on vous propose de venir puiser dans la réserve de CD car chaque chambre a sa stéréo.

Le clou de la visite c’est la piscine bleue azur, bordée d’une ligne blanche qui en souligne la forme arrondie. Suspendue au-dessus de la falaise son trop plein semble se déverser dans la mer… le rêve !

Vous aurez envie de ne pas bouger et de profiter de l’endroit, de prendre le temps de petit-déjeuner sur votre terrasse envahie de bougainvilliers, de vous régaler de ce fromage blanc au miel épais qui fait resurgir la volupté gourmande des goûters d’enfance.

Voyage Santorin, piscine de l’hôtel Katikies Grèce : Escapade Athènes et Santorin - voyages, vacances, recit de voyage et carnet de voyageVous aurez envie d’aller piquer une tête dans la piscine et de vous laisser flotter au-dessus de la mer, de vous faire cajoler par le personnel de l’hôtel toujours attentif à ses hôtes : on vous apporte un gros peignoir brodé pour sortir de la piscine, on vous offre un marque-page si, allongé sur un transat, vous avez l’air de ne savoir que faire de votre bouquin, et le soir on dépose discrètement à côté de vous une petite couverture légèrement tiède pour rester dehors si l’air se rafraîchit. Le spectacle du coucher de soleil vous clouera au bord de la piscine et doucement l’heure de l’apéritif vous surprendra un verre de vinosanto (le bien nommé !) à la main.

Si téméraires, vous avez le courage de sortir de ce petit coin de paradis, vous pouvez louer une vespa ou une jeep décapotable et partir explorer l’île.

Tout au sud, ses plages sont tantôt rouges, tantôt noires. Sur l’arrête qui courre le long de cette île en forme de croissant, les petits villages blancs se succèdent avec leurs ruelles escarpées, leurs moulins les bras tendus vers le ciel, les dômes de leurs églises plus bleus que la mer. Et partout, la vue sur la caldera, cette baie provoquée par l’éruption d’un volcan en 1450 avant JC qui engloutit le centre de l’île et où se cacherait l’Atlantide…

Voyage santorin, porte ouverte sur la Cladeira Grèce : Escapade Athènes et Santorin - voyages, vacances, recit de voyage et carnet de voyageSans être vraiment dense côté culturel, il y a quand même quelques petites choses qui plairont aux curieux. Côte antiquité, l’ancienne ville de Thirá, perchée à 370 mètres au-dessus de la mer, conserve des traces d’urbanisation (pour certaines vieilles de 25 siècles), des graffitis fait il y a 2800 ans, des sculptures, des mosaïques… A Akrotiri on a retrouvé, enseveli sous la cendre du volcan, un village minoen dont les fresques de femmes qui dansent et de singes qui gambadent sont exposées au Musée Archéologique de Firà.

Autre charme de l’île, la communauté d’artistes qui vient y puiser son inspiration. On trouve de tout bien sûr, mais il y a des découvertes qui font de beaux souvenirs. On a aimé l’atelier d’icônes situé au cœur de Oiá, la musique sacrée qui l’habite, les odeurs d’huile, de solvant. On a aimé aussi ces bancs de poissons minuscules, ces requins énormes, ces coccinelles en conciliabule sculptés dans du verre que l’on trouve dans l’une des galeries d’art sur l’esplanade à Firá.

Et surtout, surtout, on a aimé ces heures à ne rien faire, les yeux plissés sous le soleil à regarder la mer…